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Femme et numérique: on en parle ?

8 mars 2022


Aujourd’hui dans le monde, les femmes et les filles ont 25 % de chances en moins que les hommes de savoir utiliser les technologies numériques à des fins les plus élémentaires. Elles ont quatre fois moins de chance de savoir comment programmer un ordinateur et treize fois moins de chance de déposer un brevet technologique un jour.

La population qui n’a pas accès à Internet est pauvre, rurale, âgée et FÉMININE. Femmes et filles constituent en effet la majorité des quelques 3,7 milliards de personnes non connectées dans le monde. A une époque et à l’échelle mondiale, on a pu estimer que 250 millions de femmes utilisent Internet de moins que les hommes. Cet écart flagrant entre homme et femme dans le numérique est connue sous l'appellation de « fracture numérique de genre ».

Dans tous les pays, on désigne par « fracture numérique de genre » les différences entre les hommes et les femmes en matière de ressources, de capacités d’accès et d’utilisation efficace des technologies de l’information et de la communication (TICs).

En Afrique francophone, les femmes ont globalement moins accès à la téléphonie mobile. Leur représentation demeure faible dans les différents secteurs de l’emploi, de l’entrepreneuriat et des sphères d'élaboration et de mise en oeuvre des politiques dans le domaine des TICs. 

Au Bénin, les inégalités de genre dans le numérique concernent les niveaux de compétence les plus bas, l’utilisation d’applications sur un téléphone portable, ainsi que des compétences plus avancées comme le codage.

Les principales causes de ces inégalités sont liées aux difficultés d’accès aux outils numériques, aux contraintes financières, aux compétences numériques, à l’intérêt pour les TICs, à la problématique de la sécurité en ligne et aux stéréotypes.

Tenez, en parlant de stéréotypes, la Haute-Commissaire aux droits de l’homme souligne à juste titre que la fracture numérique entre les sexes est le reflet de la discrimination générale à laquelle sont confrontées les femmes et les filles dans nos localités.

Et en parlant de sécurité en ligne, il n'en est rien pour les femmes et les filles. Elles sont exposées de manière disproportionnée, permanente et flagrante au cyberharcèlement, aux discours de haine, aux injures, aux menaces d’agression sexuelle ou de viol, aux menaces de publication d’informations privées notamment d'images et de vidéos intimes. D'autres femmes et filles sont surveillées à leur insu par leur mari, leur copain ou leur fiancé.

Les récents événements dans le « cyberespace béninois» font état de ce que les femmes et les filles sont victimes des phénomènes de porno-vengeance ou revenge porn, de happy slapping, de slut-shaming, de publication de sexting et de screeners sexistes et sexuelles. Plus patent, elles sont menacées sur les réseaux sociaux par les insultes basées sur le corps, les rumeurs sur leur vie amoureuse, les injures sur leurs opinions, leurs choix de vie, etc.

Les violences en ligne peuvent ainsi prendre plusieurs formes. Qualifiés de cyberviolences, ces différents comportements s'inscrivent toujours dans le phénomène des violences faites aux femmes et pour cause :

  • les femmes en sont les principales victimes ;
  • la majorité des agresseurs sont des hommes ;
  • ces comportements ont les mêmes conséquences sur la santé, et la vie sociale et intime des victimes et parfois des conséquences plus graves compte tenu de la viralité de l'information sur Internet.


Nombreuses sont les femmes et filles qui s’autocensurent en ligne par crainte d’être victimes de ces genres de comportements. On assiste donc à une réticence et à une méfiance de la part des femmes et des filles quant à l'usage des TICs. Ces réticence et méfiance couplées aux autres difficultés évoquées plus haut dans cette chronique accroissent la fracture numérique de genre et amplifient toujours le risque d'exclusion numérique.

Et quand on sait que les technologies numériques deviennent les seuls et rapides moyens d'accéder aux services essentiels, aux informations sur la santé, aux moyens de subsistance ou à l'exercice des droits, l'exclusion numérique des filles et des femmes devient dramatique.

Une attention particulière mérite donc d'être accordée aux femmes et aux filles qui sont victimes de formes croisées de discrimination. La fracture numérique de genre doit être réduite au maximum.

C'est ce sur quoi, l'Homo Numericus que je suis nous attend tous à partir de ce 08 mars pour que rendez-vous soit pris l'année prochaine pour un bilan concluant.

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